Mon père couleur de nuit

Carl Friedman

Folio

  • Conseillé par
    23 janvier 2012

    Un roman avec les mots et la vision d'une enfant sur le passé de son père.

    Et quel passé. Car le père "a le camp". Déporté et revenu physiquement des camps, il n'en est pas revenu dans sa tête et les histoires qu'il raconte à ses enfants sont celles du camp.

    Ces enfants, les 3, sentent que quelque chose ne va pas dans leur famille, mais ils aiment leur père et ses histoires. Même si cela les oblige, eux aussi, à "être dans le camp".

    Car les histoires du père sont racontés sans fioriture, à chaque chapitre une nouvelle anecdote.

    Un roman avec des mots simples qui décrit de quelle façon l'homme peut-être un loup pour l'homme.

    L'image que je retiendrai :

    Celle du père, fumant après le repas, et racontant une histoire.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2012/01/22/22981305.html


  • Conseillé par
    8 novembre 2011

    "Il ne le nomme jamais par son nom. Ca s'appelait Trebibor, Majdawitz, Soblinka ou Birkenhausen. Il dit "le camp" comme s'il n'en avait existé qu'un seul. "Après la guerre, dit-il, j'ai vu un film sur le camp. Des prisonniers étaient en train de se faire frire un œuf pour le petit-déjeuner". De la paume de la main, il se frappe le front. "Un œuf ! dit-il d'une voix acérée. Dans le camp !". Le camp est donc un endroit où on ne se fait pas d'œufs. Plus encore qu’un endroit, le camp est un état."

    Mon père couleur de nuit s’ouvre sur ces lignes. Le ton est donné. Le père d’Hannah est revenu des camps de concentration. Nous ne savons pas où habite la famille. Jochel, ce père miraculé , son comportement et surtout ses propos sont une énigme pour Hannah et ses deux frères. Découpé en chapitres très courts qui sont autant de bourrasques violentes d’émotions, ce livre opposé toute l’horreur des camps à l’innocence des enfants. Le père d’Hannah raconte à demi-mots. Il suffit d'un détail qui fait ressurgir ce passé proche. Entre des nuits toujours hantées par les souvenirs de « là-bas » et l’incompréhension quelquefois maladroite de ses enfants, les digues rompent sous la colère ou l’incompréhension mutuelle. Avec son amour sincère et pur, Hannah veut aider son père à aller mieux. Elle-même se retrouve confrontée à l’incrédulité de ses camarades ou de son institutrice.

    Ceux et celles qui ont lu et aimé "Skoda" apprécieront à sa juste valeur ce livre.
    Une lecture comme un coup de poing et qui fait très mal…

    Ce petit livre m’a estomaquée ! Sans fioriture mais avec une extrême tendresse, il dégage un concentré d’émotions ! Je le redis mais je ne m’attendais vraiment pas à ce choc…