Sanctuaires ardents

Katherine Mosby

Folio

  • Conseillé par
    29 juin 2012

    Une écriture envoûtante

    Parfois, un personnage, une expression, une péripétie vous hantent longtemps. Pour Sanctuaires ardents, le style tout à tour aérien et terrien de Katherine Mosby va me poursuivre durablement.
    Vienna, jeune intellectuelle issue d'une famille du Nord riche et cultivée, épouse Willard Daniels, archétype du mâle du Sud, qui considère comme allant de soi que toute femme lui voue un culte, en particulier la sienne.
    Le couple aménage à Winsville en Virginie dans la demeure à la splendeur bien passée de Willard. Celui-ci pense que son épouse va lui apporter une "plus-value" et lui permettre de devenir le "notable" du lieu. C'est sans compter le caractère de Vienna qui préfère la compagnie des écrivains latins à celles de ses contemporaines championnes de tricot, broderie, patchwork et ragots. Elle tourne le dos à la petite communaute rurale et cette offense dont elle ne mesure pas les conséquences va lui attirer le ressentiment durable de la population.

    L'auteur, pour évoquer Vienna et ses deux enfants Willa et Elliott, utilise une langue très imagée. Dans leur propriété "Les Hauts", ils vivent en marge de la société et communient étroitement avec la nature, les animaux et commercent avec les auteurs classiques comme s'ils étaient encore de ce monde.
    Willard, trop ancré dans la réalité, a fui ce monde qu'il ne comprend pas et Katherine Mosby utilise pour lui comme pour les habitants de la ville d'une écriture bien plus ancrée dans la terre, souvent plus triviale.
    Vienna Daniels est comme un photophore sur une table d'été et tous ceux qui essaient de s'approcher d'elle sont arrêtés par l'intensité de sa "flamme". Même ses enfants ne parviennent pas toujours à l'atteindre et en souffrent. Elle est différente, ne cherche pas à se couper les ailes, à rogner ses angles trop aiguës pour se fondre dans une quelconque communauté. Vienna se refuse par exemple à comprendre l'attitude des "Blancs" envers les "Noirs" et se met parfois en danger pour sauver certains de ces derniers.
    Katherine Mosby ne juge pas son personnage, elle nous la présente et libre au lecteur de porter s'il le souhaite un avis sur ses agissements. Moi, Vienna m'a profondément émue et elle me tiendra compagnie encore de nombreux mois. Je garderai aussi dans mon cœur le petit Elliott, ami des bêtes blessées et insatiable poseur des questions .