La Femme de nos vies, roman

Didier Van Cauwelaert

Albin Michel

  • Conseillé par
    6 mai 2013

    Janvier 1941, Jürgen Bolt est considéré comme un idiot alors qu'il ne souffre que d'un léger problème d'autisme. Dans l'Allemagne nazie, les parents sont invités à se séparer de leur progéniture défaillante contre une prime. Le jeune vacher de quatorze ans se retrouve interné à l’hôpital psychiatrique d’Hadamar. Il se noue d'amitié avec son voisin de dortoir David Rosfeld un garçon Juif surdoué dont la mère a été assassinée est une scientifique ayant travaillé sur les travaux de la fission nucléaire.

    David est en possession du livre qu'elle a rédigé et de ses notes. L'hôpital psychiatrique n'est qu'un leurre et l'ensemble des garçons doit être euthanasié. Seul un. David à cause de son QI de 180 repéré lors d'un test passé par Ilsa Schaffner. Mais l'enfant préfère mourir et propose à Jürgen d'échanger leurs places. Il lui apprend des formules, comment déjouer les questions et se comporter et surtout la manière aiguiller l'Allemagne sur des fausses pistes en matière de bombe atomique. Jürgen devient David, "un imposteur. Lorqu'Ilsa Schaffner vient chercher David pour l'amener au chateau d'Helm, elle se rend compte immédiatement que ce n'est pas le David qu'elle avait vu. Elle joue sa vie. Jürgen devenu David lui raconte la vérité. Elle lui propose de s'enfuir mais Jürgen reste car il a fait une promesse à David. Le château d’Helm regroupe des enfants surdoués dans un domaine scientifique précis mais aussi des chiens que l'on dresse. Le nouveau David va apprendre grâce l'aide d'Ilsa mais dix-sept mois plus tard, sa vie va prendre un tournant inattendu.

    Soixante années ont passé, le professeur David Rosfeld désormais à la retraite se rend en Allemagne au chevet d'Ilsa plongée dans le coma. Il ne l'a pas revue depuis Helm. Sa petite-fille Marianne Bert avocate au barreau de Morlaix en passe d'être radiéé arrive dans la chambre demandant à ce que les médecins débranchent immédiatement les machines. Elle possède de sa grand-mère l'image véhiculée depuis la guerre celle d'une femme sans coeur ayant exécuté des enfants et appelée La chienne d'Helm. Alors qu'elle défend un projet, elle vient d'être salie car quelqu'un a comuniqué à la presse son ascendance. Sa vie selon elle est désormais gâchée. Malgré les réticences qu'elle affiche, David veut lui raconter son histoire et celle de sa grand-mère qui lui a sauvé la vie. Narrateur hors pair, il sait éveiller sa curiosité.

    D'emblée, Didier Van Cauwelaert met le lecteur dans sa poche par cette construction où Jürgen s'adresse à Marianne. Charmeur et possédant de l'humour, épicurien ayant acquis une certaine vision de la vie, ce simple vacher déroule sa vie où Ilsa a toujours été presente. Amoureux d'elle, scientifique ayant travaillé sur de nombreux projets mais sans se mettre en avant, il a côtoyé Einstein et les têtes américaines. A la question pourquoi n'a-t'il rien dit avant sur Ilsa, le lecteur aura une réponse imbriquée dans l'Histoire. Marianne s'adoucit au fil du récit de Jürgen passant de l'agressivité à l'étonnement, la honte d'avoir Isla comme grand-mère s'estompe pour disparaître. L'admiration, l'humilité, la filiation, la rédemption, l'amour mais aussi la foi en un certaine bonté de Hommes jalonnent cette belle histoire. Je n'avais jamais lu Didier Van Cauwelaert avant ce roman et je suis conquise !


  • Conseillé par (Libraire)
    2 mai 2013

    Substitution d'identité et dépassement de soi

    On trouve ici une fiction où Didier van Cauwelaert mêle le vrai et le faux autour de la réhabilitation d'une scientifique de la Wehrmacht : un roman bienveillant et d'amour parmi les atrocités de l'Allemagne nazie.
    Sans être aucunement anxiogène, ce récit est celui des émotions d'un homme : émouvant sans être navrant et intriguant sans être ennuyeux.
    Au regard des multiples ricochets de son existence, le narrateur convainc assez facilement la femme qui l'écoute, Marianne, d'accorder la rédemption à sa grand-mère.